N°202 Novembre 2018
Il y a 170 ans à Bordeaux...
Avec la Révolution industrielle de 1848, de nombreux ouvriers tentèrent de s’installer en province à leur compte. C’est le cas de deux facteurs d’orgues ayant travaillé chez John Abbey et chez Daublaine et Callinet : Georges Wenner et Jean-Jacob Götty.
Au cours de l’année 1848 (on n’a pas retrouvé la date exacte), les deux amis créèrent leur manufacture de grandes orgues au numéro 105 de la Route de Bayonne (actuel cours de l’Yser). Les deux hommes connaissaient bien la capitale girondine, puisque Wenner s’y maria en premières noces le 14 août 1844. Quant à Götty, il est témoin de déclaration de naissance d’un fils d’un autre facteur d’orgues installé à Bordeaux, Jean-Baptiste Trouillet le 5 septembre de la même année.
Les deux hommes restaurent l’orgue de l’église Sainte-Eulalie en 1844-1845 pour le compte de la maison Daublaine et Callinet. Sans nul doute, que les deux amis ont pu faire un bilan du parc organologique de la ville. Bordeaux était une aubaine pour s’y installer à son propre compte.
De 1848 à 1926, plus de 200 instruments sortirent des ateliers bordelais. Le premier instrument était celui de l’église Saint-Nicolas des Graves (1849). Cette paroisse fut le lieu des funérailles de Wenner et de Gaston Maille son successeur en 1882. Espérons qu’un jour, le grand-orgue toujours en place retrouve son lustre d’antan par une restauration sérieuse, l’instrument comprenant encore la majorité des jeux de Wenner et de Maille.
Parmi les instruments qui furent construit par la manufacture bordelaise, citons entre autre le grand-orgue de Saint-Paul de Bordeaux (qui attend désespérément la restauration qui lui rendra sa voix), de Saint-Louis des Chartrons et de Saint-Bruno toujours à Bordeaux, de la cathédrale de Lescar, de Saint-Martin de Pau (dénaturé malgré encore un grand fond d’origine), Tartas, Monfort, Saint-Jean de Libourne (qui attend une grande restauration qui tarde à venir), Lesparre-Médoc, Macau, Blaye, Saint-Estèphe…
Il serait temps que la ville de Bordeaux mette à l’honneur ces hommes qui firent la gloire de la facture d’orgues en Aquitaine de la deuxième moitié du 19ème siècle et du premier tiers du siècle suivant.